3.2.07

"Democratie sans democrates?"...

Salut les amis. Voici un truc que je voulais envoyer a l'Orient, je sais pas si ca va passer ds le courrier des lecteurs. La concurrence contre Jacques-Delifer-Canada et Albert-Sara-Avocat sera rude ms bon... C long, c chiant et j'emmerde tt le monde. Here is the beast:



Les tares de la transition démocratique

Le pays dans lequel nous vivons n’a jamais été aussi mort que depuis le jour où les deux parties antagonistes ont clamé avec ferveur leur attachement à la vie et à la coexistence. Ne s’arrêtant pas à un paradoxe près, on est en droit de se demander pourquoi les espoirs suscités depuis la Révolution dite du Cèdre furent douchés aussi brutalement.
Les troubles dans lesquels se débat le Liban depuis la ‘Révolution du Cèdre’ peuvent être interprétés selon un prisme mettant l’accent sur les tares de la transition démocratique. La discipline des ‘Relation Internationales’ a justement pour but d’offrir des grilles de lecture pour donner une intelligibilité aux évènements politiques et sur cette base d’offrir des recommandations aux gens de pouvoir et aux citoyens.

La transition démocratique.
Je vais me concentrer sur une étude traitant des problèmes engendrés par la transition démocratique. Une recherche fut menée par deux politologues – Edward Mansfield et Jack Snyder – dans les années 1990 et débuta par un constat résultant d’un travail statistique sur les états en conflits depuis 1945 : les régimes dits ‘stables’ sont les démocraties (France, Australie, Etats-Unis) ainsi que les dictatures (Syrie, Corée du Nord). Les Etats dits ‘instables’ (c'est-à-dire perméables aux conflits et aux institutions vulnérables) sont les états en phase de transition démocratique. Ce travail était adressé en tant que mise en garde pour Bill Clinton et sa doctrine de démocratisation à outrance (poussée par la croissance économique dans son « Consensus de Washington ») reprise avec une variation par George W. Bush (son « Nouveau Moyen-Orient » en ‘remède’ aux extrémismes).
Ils situent l’instabilité dans le transfert du pouvoir d’une classe dirigeante à une autre. En effet, la vieille caste au pouvoir soucieuse de garder ses privilèges, change et re-définit la teneur de son discours nationaliste puis cimente les forces populaires en créant un climat d’insécurité – ou pire, un conflit armé. Les grandes démocraties ne furent évidemment pas exemptes de cette dynamique (l’Angleterre de Gladstone et la guerre de Crimée par exemple). Plus proche de nous on rappelle le passage par Milosevic du discours communiste au discours nationaliste au début des années 90.

Le cas libanais.
Dans la configuration libanaise nous voyons ceci se produire de la même manière. L’ex-élite pro-syrienne (Hariri, Joumblatt) a réussi à se maintenir au pouvoir en surfant sur la vague populaire du Printemps de Beyrouth. Les mea culpa ont certes fusé mais ils n’en sont pas moins restés incomplets (regrets concernant les allégeances envers la Syrie mais rien sur la rupture avec les pratiques quasi-mafieuses de l’ère syrienne). La principale communauté ‘perdante’ – pour schématiser le problème – étant celle des chiites voyant leurs privilèges mis sur la table sans qu’il n’en soit fait autant avec ceux des zaims au pouvoir aujourd’hui. On pense entre autres au débat sur les armes du Hezbollah ainsi qu’au réseau clientéliste de Nabih Berri, avec les diverses réformes administratives.
La « Guerre de Juillet » prend un autre sens dans ce cas là. Il n’est plus tellement question d’allégeance aux régimes syriens ou iraniens mais de polariser la population autour d’un discours nationaliste contre un ennemi commun externe (re-écouter le premier discours de Hassan Nasrallah après le déclenchement de la guerre). Même si on ne peut nier le support financier et moral de la Syrie et de l’Iran, force est de constater que le conflit libanais n’aura pas beaucoup affecté la teneur des discours syriens et iraniens qui ont gardé leurs constantes tant sur le Tribunal International que sur la question nucléaire. De plus, la relation du Hezbollah avec l’Iran aura été moins bénéfique à ce dernier que la relation de l’Iran n’aura été nuisible au Hezbollah. En effet, l’éradication de la milice avait été perçue comme essentielle pour contrer les prétentions «hégémoniques » de l’Iran dans la région.
Dans le cadre de la théorie de la démocratisation, les facteurs internes prennent donc le dessus sur les facteurs externes et les conseils prodigués pour une saine transition démocratique diffèrent par rapport à ceux entendus jusqu’à présent.


Quelques recommandations :
a- Il faut avant tout offrir ce que les anglo-saxons appellent un « golden parachute » -- à savoir une immunité – pour les membres corrompus et/ou criminels de l’ancienne classe pour les écarter en douceur du pouvoir, quitte à les juger plus tard (le cas Pinochet). L’approche du Général Aoun par exemple consiste à ouvrir tous les dossiers de l’après-guerre. Cet aimable programme pourrait se trouver contre-productif vu que les anciens barons ont su garder à ce jour une capacité de mobilisation effective. Il suffit de voir l’ampleur des émeutes des 23 et 25 janvier pour le constater. Deux choses sont essentielles à ce stade: 1- montrer aux politiciens qu’ils peuvent survivre politiquement sans être amenés à créer des troubles – qu’ils soient externes (la Guerre de Juillet) ou internes (le possible emploi de la violence récemment) et, 2- marquer l’attachement à de nouvelles « règles du jeu » et les faire respecter, le temps de décrisper les liens partisans. Le changement de la classe politique ne peut se faire que dans la durée.
b- Une seconde initiative serait de renforcer l’indépendance de la presse pour qu’elle puisse jouer pleinement son rôle de garde-fou afin de démonter les langages populistes des leaders et de ramener à l’ordre du jour les débats qui intéressent les libanais (environnement, inflation, sécurité routière etc.).
c- L’importance des clubs culturels ou associations sportives ainsi que le rôle des célébrités ne peut être négligé. Ils servent à cimenter le sentiment d’union nationale par intermittence (un match de basket, un libanais en finale de Star Academy ou un concert de Fairuz). Ils oeuvrent surtout à détourner l’attention des clivages confessionnels : clubs de randonnées, philatélie, judo etc. créent des « esprit de corps » pouvant dépasser les clivages politiques.
d- Enfin il faut renforcer les symboles de l’Etat. Cela signifie tenir pour responsables les élus en fonction de leurs prérogatives et de la teneur de leurs discours. Le but est de réduire l’influence des zaims et de juger les élus au vu de leurs promesses.
Dans notre cas, la majorité au pouvoir n’est certes pas dominée par des politiciens au passé immaculé ; elle se retrouve néanmoins prise au piège de son propre discours d’Etat de droit et voit sa marge de manœuvre extrêmement réduite. Elle est de plus prise en étau entre la vigilance bien zélée de l’opposition et une Communauté Internationale lasse de livrer des chèques en blanc (même si les prêts conditionnés sont moins nombreux pour Paris III que Paris II).
Le tournant pris par l’opposition depuis le 1er décembre est de ce fait malheureux car il induit un principe de réciprocité si ces derniers venaient au pouvoir ce qui paralyserait le pouvoir de manière cyclique. Les sunnites à titre d’exemple pourraient sortir du gouvernement et le juger illégitime invoquant l’esprit de Taëf. L’opposition n’avait jamais été aussi efficace que quand elle prévenait les scandales à venir par voie de presse ou dans l’hémicycle. L’impatience aura nuit au lent apprentissage de l’exercice démocratique.

Cette lecture des évènements est bien sûre incomplète – une théorisation pour les systèmes multi-confessionels serait judicieuse – mais elle a le mérite de jeter une lumière nouvelle sur les prochaines stratégies à appliquer pour arriver à un régime plus stable sans violence.
En espérant échapper à ce sentiment de fatalité qui inspira cette réflexion à Conrad : « Il était écrit que je fusse loyal au cauchemar de mon choix ».

21 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellent. Très intéressant et juste.

Au fait, ce Albert Sara, il est sénile ou juste idiot ?

Anonyme a dit…

touchant souci aveugle de l'orient, desormais a la traine des niouzes...

pour ce qui est de la question du judo et de la philatelie venant tendrement a bout de tous ces monstres bien epais de toutes leurs crasses, il me semble que le retablissement des bons vieux amuse-gueule de l'empire (piscine aux pirranas, fosse aux lions, combats de gladiateurs en soutanes et turbans, etc.) serait de bon ton.

et attention d'imaginer qu'on en sourit... l'affaire est serieuse au possible.

vrai14mars a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

D'accord avec vrai14 mars.

On nous casse les pieds avec ce tribunal alors qu'il n'y a même pas encore d'acte accusatoire.

Faut-il brûler le pays pour juger les assassins d'un ancien premier ministre, alors que les partisans de ce dernier ont libéré Geagea, assassin jugé d'un autre premier ministre, Rachid Karamé ? Quelle hypocrisie !

Et qui jugera Joumblatt, Zahra et Cie ?...

PS. Je savais que Adouane était un criminel à la petite semaine mais je ne savais pas qu'il avait personnellement tué la soeur de Joumblatt. Ce qui en dit long sur l'élasticité morale de ce dernier qui a fait de Adouane un député.

Anonyme a dit…

En fait, George W Bush et Mahmoud Ahmadinejab s'entendent désormais comme larrons en foire.
Le billet d'aujourd'hui intitulé “IGNORANTISME” explique pourquoi sur le blog www.thedino.org
Bisous,

Anonyme a dit…

Volt !

Arrete de tout effacer a chaque fois!

Anonyme a dit…

par don m'sieur..
mets peu thon par lait dede mots crassie kanton appat cout paix la tete de lui16?

Anonyme a dit…

hein?

Anonyme a dit…

ts pf
non mais..

Anonyme a dit…

> ts pf

3x. ? is that you ?

shlon a dit…

attention :)

suburb, tu parles comme quelqu'un qui, tirant du Nil un sceau d'eau et le vidant dans le sable, croit dur comme fer avoir débarassé le fleuve de son élément aquatique embêtant.

tu mets 10 faquins de côté, tu auras 10.000 autres candidats.

je suis plutôt de l'avis de Volt: la cage aux lions, l'acide sulfurique, la fosse aux pirhannas, l'induction électrique anale, la distribution générale de biberons au cyanure, une épidémie de hoummous fou, et ensuite, après allègement de la croûte humanoïde, une bonne dictature d'une cinquantaine d'années, dont le centre du pouvoir serait une assemblée de Sages aliens à "l'esprit" supérieur et désintéressé ;)

Puis on verra!

shlon a dit…

"seau" / mais encore "aqueux"

Anonyme a dit…

Vraiment excellent ton article, j'espère qu'il sera publié... j'ai surtout apprécié la manière radicale avec laquelle tu 'internalises' les questions que la presse aujourd'hui à tendance à internationaliser!
Mais comme tu l'as si bien dit, il y a un facteur qui est trop discret dans l'analyse, et qui à la fois complique la donne et mines certaines recommandations, celui du caractère multiconfessionnel du pays.
Un autre élément qui pourrait être développé est celui de la culture politique. La raison pour laquelle la théorie de la démocratisation ne s'applique pas à mon avis au Liban tient à la fois à son système communautairo-jacobin et à sa culture politique propre: si on en croit la théorie de la démocratisation, cela fait au moins 70 ans que le Liban est en transition démocratique... or toutes ces années de "transition" (le régime communautaro-jacobin étant lui-même en principe transitoire) ont indéniablement créé une culture politique spécifique né d'un contexte politique particulier et d'un long apprentissage de la classe politique qui se regénére par cooptation (ce qui sous entend une intégration culturelle).
Dernier commentaire: de quelle transition parle-t-on exactement et par rapport à quoi? à la guerre libanaise, au mandat syrien, au régime communautaro-jacobin (communément appelé confessionnel)?
Car cela fait tout de même 81 ans que le régime est établi, 16 ans que la guerre est achevée et bientôt deux ans que la Syrie s'est retirée... plus de 20 ans sépare notre classe politique des crimes qu'elle a commises durant la guerre. La théorie de la justice transitionnelle nous explique que c'est en général le temps que l'on met pour ouvrir les vieux dossiers, or ici tu nous proposes de les refermer.

suburbankidswithbiblicalnames a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
suburbankidswithbiblicalnames a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Bof

moi pourtant ils me publient presque a chaque fois ... en charcutant un peu quand c est trop long...

mais c est vrai que ton billet la est trop long :s

Anonyme a dit…

wOOw...FRENCHIIE
ils te publiblient A chaque fois ???
La chance que tu as mon vieux...

WAAAAAW

suburbankidswithbibicalnames a dit…

>> worried Lebanese:

Oui tu as raison, et notre systeme particulier nous permet de generaliser avec difficulte sur la base de cette theorie. C'est vrai qu'un des effets pervers a court-terme consiste a refermer certains episodes sombres de sorte a ne pas effaroucher les ex-chefs de milices, ainsi excitant leur pouvoir de nuisance.
En fait, j'avais en tete plus les 'crimes' d'apres-guerre, que les crimes commis en 75-90 -- a savoir la corruption a grande echelle, le re-enforcement de certains reseaux clientelistes et la creation de nouveaux. On ne peut forcer quelqu'un a etre moral ms on peut le forcer a etre un bon citoyen: c'est pour cela qu'idealement en echange d'une 'amnistie', pousser la anciens barons a accepter les nouvelles regles du jeu pourrait etre interessant. Mais ca releve de l'utopie...

Ce qu'on peut tirer de cette theorie d'interessant est:
-- de re-focaliser le debat sur le plan interne
-- de responsabiliser la presse
-- une approche 'non-partisane': au sens commun du "8 mars" VS "14 mars" (termes que j'emploie ici de maniere generique)
-- d'expliquer une des motivations du Hezbollah a reactiver le front israelien de maniere provocante en enlevant deux soldats au dela de la ligne bleue.
-- de confronter les politiques a leur discours.

C'est vrai sinon qu'il y'a bcp d'imprecisions sur la periode que je couvre au sujet de cette phase censee etre temporaire et qui comme tu l'as justement defendu est chronique depuis plus de 80 ans. Quoique je pense que le probleme est remis a plat parce que de nouvelles donnees s'imposent a chaque crise majeure.

Ici une perche a mon avis nous est tendue par la classe politique qui rivalise verbalement sur les ccpts d'Etat de droit, de repartition de richesses (cf. les discours de Siniora sur la promesse de repartir les fonds de Paris III a 'tous' les libanais), de democratie etc. Je ne sais pas si ces idees etaient debattues dans les annees 70 en pleine crise sur presence palestinienne.

Il y'a des germes de solutions dans la mauvaise foi et le demogagisme de nos politiciens et je pense qu'on pourrait arriver a en faire qqchose si nous etions assez nombreux et articules...

>> YY:

lol, je m'en fous d'etre publie ou pas. En fait c'est par frustration que j'ai voulu l'envoyer. Etant coherent avec moi meme, j'accorde un grand role a la presse ds le processus de democratisation et malheureusement on nous gratifie d'analyses partisanes tres "premier degre" au lieu de depassionaliser le debat. Si jamais nous autres avons une 'mission', c'est bien d'essayer de diriger le debat la ou il ns semble plus pertinent -- a savoir a mille lieues de ce binarisme affligeant qui nous est servi a ttes les sauces.

Anonyme a dit…

bahhh suffit d etre un peu interessant :s

Anonyme a dit…

Tu veux pas fermer ta gueule un tantinet frenchmanucure et arrêter d'emmerder tout le monde avec tes publications et ton activité orientlejouresque qui n'intéresse que ta minuscule personne et quelques commères à Sassine squère? Tu te trouves intéressant frenchigueule? oh je suis intéressant, please love me, j'ai tout compris aux enjeux de la société libanaise, les autres sont cons, ils comprennent rien, soyez intéressant comme moi, écrivez des textes bourrés de fautes et des analyses foireuses et vous serez publiés par le courrier des lecteurs. Arrête d'emmerder Suburb, il vaut 300 rapacelets de ton espèce.

Anonyme a dit…

bah encore un con zaloux :D