23.5.08

Bientôt une nouvelle serpillière au pouvoir?!

Michel Sleimane, un général qui cultive la prudence

Sibylle Rizk

Les qualités de prudence du général Sleimane lui seront utiles pour contribuer à apaiser les tensions au Liban.
Les qualités de prudence du général Sleimane lui seront utiles pour contribuer à apaiser les tensions au Liban. Crédits photo : AFP

Commandant en chef de l'armée depuis 1998, Michel Sleimane représente l'une des dernières chances d'éviter la désagrégation du Liban.

Michel Sleimane est apparu il y a plus d'un an déjà comme l'homme d'un compromis possible dans un Liban en proie au chaos politico-confessionnel. Celui qui, sauf surprise, va devenir le douzième chef de l'État libanais, le poste étant réservé à un chrétien maronite, a su pendant de longs mois préserver habilement ses chances, évitant de s'aliéner un camp ou un autre dans la crise qui a paralysé les institutions au point de provoquer la vacance de la présidence fin novembre dernier, à l'expiration du mandat d'Émile Lahoud.

C'est avant tout pour sa position institutionnelle que la candidature de Sleimane a été initialement défendue. Commandant en chef de l'armée depuis l'accession à la présidence de son prédécesseur, en 1998, il représentait l'un des derniers remparts face à la désagrégation rampante de l'État libanais : le gouvernement était jugé illégitime par l'opposition depuis novembre 2006, et le Parlement bloqué. Lorsqu'il est apparu que l'élection d'un président trop marqué politiquement serait difficile en raison du rapport de forces équilibré au Parlement, le général Sleimane a été soutenu officieusement par l'opposition proche de la Syrie, à savoir le Hezbollah et Amal, la candidature de leur allié chrétien, le général Michel Aoun, étant rejetée par la majorité parlementaire.

Tout en promouvant officiellement l'un des siens, cette dernière appuyait quant à elle en coulisse Riad Salamé, le gouverneur de la banque centrale, une institution également présentée comme «l'une des dernières encore debout».

La balance a penché irrémédiablement en faveur du général lorsque, fin 2007, le chef de la majorité parlementaire, Saad Hariri, a créé la surprise en le déclarant officiellement candidat de la majorité. Ce ralliement soudain, qualifié de «manœuvre» par l'opposition, n'a pas suffi à ré­soudre la crise. «Damas a commencé à se méfier de Sleimane, se souvient un diplomate, des contacts se sont mal passés.»

L'opposition a alors lié l'élection du général à un accord plus global sur la composition du gouvernement et l'amendement de la loi électorale. Le comportement de l'armée lors du coup de force du Hezbollah le 7 mai dernier a finalement balayé ses réserves à l'égard de son commandant en chef tout en créant les conditions politiques pour un compromis.

Les soldats libanais n'ont en effet rien tenté pour empêcher les commandos du Hezbollah et leurs alliés de prendre militairement Beyrouth. Une passivité qui a d'ailleurs suscité la colère d'une bonne partie des partisans de la majorité, notamment les Forces libanaises de Samir Geagea. La contestation a même gagné les cadres de l'armée. Sleimane a répondu que sa priorité était de préserver l'unité de la troupe en évitant de l'interposer dans les affrontements armés entre Libanais.

Carrière militaire sans éclat

«La majorité a probablement cru qu'en soutenant Sleimane elle avait gagné à elle l'ensemble de l'armée. C'était une erreur», commente un diplomate. D'autant que le général a scrupuleusement veillé à préserver sa position médiane pour se débarrasser de l'étiquette d'«homme de Damas» ou de «deuxième Lahoud» que lui accolent les antisyriens les plus farouches.

Âgé de 59 ans, Sleimane a toujours soutenu l'option de la résistance armée à Israël assumée par le Hezbollah, longtemps d'ailleurs avec l'aide logistique de l'armée, et il doit son poste actuel à la Syrie, ancienne puissance tutélaire au Liban. Une promotion obtenue à l'issue d'une carrière militaire sans éclat qui l'a conduit dans les années 1990 à côtoyer l'armée et les renseignements syriens.

Son premier geste politique fort a été de refuser, le 14 mars 2005, de donner la troupe pour empêcher le rassemblement de plus d'un million de Libanais qui réclamaient le retrait syrien et dénonçaient l'assassinat de Rafic Hariri un mois plus tôt. De façon symétrique, il n'a pas dispersé les manifestants de l'opposition lors d'un premier mouvement de grève générale et d'occupation des principaux axes routiers du pays en janvier 2007. La longue bataille contre les islamistes retranchés dans le camp de Nahr el-Bared l'été dernier a ensuite fait rejaillir sur sa personne l'élan patriotique sans précédent dont a bénéficié l'armée.

Ces qualités de prudence seront certainement utiles au futur président pour contribuer à apaiser les tensions dans la nouvelle phase qui s'ouvre au Liban. Mais il est encore trop tôt pour dire quel sera son véritable rôle dans les prochains mois. Celui-ci dépendra en partie de sa capacité à constituer un bloc politique autour de lui, ce dont il est aujourd'hui complètement privé.

8 commentaires:

shlon a dit…

pour une armée qui n'a jamais été invitée à être une "armée" dans le full sens du terme, c'est un très bon stratagème qu'a suivi Sleimane.

Nous l'avions adulé quand il avait pris cette charmante décision de laisser les ploucs dont nous fasions partie aller faire les marioles à la Place des Martyrs.

Nous pouvons donc tout à fait comprendre le fait qu'il n'ait pas pris les armes (si j'étais lui, j'aurai "lâché la troupe" sur les voyous du Courant du Futur, ceux là même qui ont, à dessein, provoqué le diable) contre des libaniais niais et imbéciles qui se tapent dessus comme des macaques en rut.

Mais surtout, surtout, ce qui prouve sa lucidité et son esprit militaire frais et clairvoyant, c'est l'acceptance de la guérilla comme moyen de résistance le plus au point au niveau où l'on se trouve.

Il n'y voit pas "des armes chi3ites", mais un stratagème national.

Bravo à lui.
Honte aux couillons qui utilisent le mot "chi3itte" comme si c'était une peste plus dangereuse que le restant de cette peuplade de singes qui habitent turbulemment se si petit pays.

shlon a dit…

remarque, on a échappé belle à deux bien pires serpillères tout aussi issues de la même institution... ouf :)

et finalement, il est inexact de parler de "pouvoir", vu que le président n'est pas vraimet "au pouvoir". Ce pouvoir étant partagé sur les éléments d'un cabinet, diverses institutions, etc...

michel sleimane ne sera pas "au pouoir".

Anonyme a dit…

Curriculum vitae du Général Michel Sleiman
21 mai 2008 Armée Libanaise

Assume les responsabilités du commandement de l’Armée depuis le 21/12/1998.

Né le 21/11/1948 à Amchit – Caza de Jbeil.
Il est diplômé sous-lieutenant de l’école militaire en 1970 et est titulaire d’une licence en sciences politiques et administratives de l’université Libanaise. il maîtrise les deux langues anglaise et française.
A occupé plusieurs postes de commandement au cours de sa carrière militaire, il fut chef de section, commandant de bataillon, entraîneur à l'école militaire et à l'école des sous-officiers. Il fut nommé chef des services de renseignements de la région du Mont-Liban, du 4/12/1990 jusqu'au 24/ 8/ 1991. Il fut secrétaire de l'état-major du 25/8/1991 jusqu'au 10/6/1993. Il dirigea la 11ème brigade d'infanterie du 11/6/1993 jusqu'au 15/1/1996 lors des confrontations avec l'ennemi israëlien sur les fronts du Sud et de la Békaa Ouest. Le 15/1/1996 il fut nommé commandant de la 6ème brigade d'infanterie jusqu’au 21/12/1998, date a laquelle il est nommé commandant en Chef de l’Armée Libanaise.

Détenteur des décorations, des médailles et des félicitations suivantes :

Ordre national du Cèdre de grade chevalier et grand cordon .Ordre du Mérite libanais des 3ème ,2ème, et 1ère classes. Ordre de valeur militaire - échelon argent. Médaille de guerre. Ordre de l’appréciation militaire - échelon argent. Médaille de l'Unité nationale. Médaille de l'Aube du Sud. Ordre du Mérite Syrien – grade d'excellence. Médaille de l'honneur de la Ligue Arabe. Médaille de la ligue arabe pour le Sport militaire – 2nde classe (commandant). Président de la République d'Ukraine – ministère de la Défense de la République Russe en 2007
Médaille militaire. Médaille des FSI. Médaille de la Sûreté Générale. Médaille de la Sécurité de l'Etat. Médaille commémorative des conférences pour l'an 2002.
4 citations décernées par le commandant en chef de l'Armée. 18 félicitations décernées par le commandant en chef de l'Armée. Une félicitation décernée par le commandant de la brigade.

A suivi les sessions militaires suivantes :

Formation en Belgique du 7/1/1971 au 4/7/1971.
Diplôme en techniques d’état-major en France du 9/2/1981 au 17/7/1981.
Diplôme en état-major à l’école du commandement et d’état-major à partir du 6/6/1988 et pour 52 semaines.
Diplôme en gestion des ressources défensives aux Etats – Unis du 22/6/1995 au 25/7/1995.

Marié à madame Wafaa Sleiman et père de trois enfants.

Son action en tant que commandant en chef l'Armée a été marquée par les événements suivants :

- Contrer le terrorisme et le fanatisme, les opérations remarquables sont :
Démanteler plusieurs réseaux terroristes et des réseaux d’espionnage israéliens, notamment le 10/6/2006, lorsque l’opération « Surprise de l’aube » a été déclenchée pour dévoiler un réseau
terroriste.
Déceler et attaquer au début de l'an 2000 des organisations terroristes extrémistes dans les
campagnes reculées et arides du nord du Liban, dont la plupart des membres ont été abattus, et les cellules auxquelles elles sont liées furent démantelées, et leurs membres arrêtés.
Attaquer l’organisation de « Fateh el-Islam » dans le camp de Nahr el-Bared le 20/5/2007 en réponse à la traîtrise qui a visé les postes des militaires se trouvant aux alentours du camp et dans certaines autres régions. La structure de cette organisation terroriste fut abattue à l’intérieur tout comme à l’extérieur du camp, ce qui a déclenché pour la première fois dans l’histoire du Liban, un ralliement populaire inédit autour du rôle de l’armée en préservant l’unité nationale.
- Affronter l’ennemi israélien et soutenir la Résistance jusqu’à la libération du Sud en l’an 2000.
- Redéployer l'Armée sur tout le territoire Libanais suite au retrait de l’Armée Syrienne qui a eu lieu le 26/4/2005 avec les troubles et les agitations qui ont eu lieu en 2007.
- Réorganiser et restructurer l'Armée après l’amendement de la loi du service militaire.
- Faire de l'Armée le bouclier de la démocratie et non pas une Armée d’autorité qui réprime les opposants de cette autorité ; c’est une Armée pour la patrie qui préserve la sécurité et les droits des citoyens. Ce rôle national de l’Armée s’est surtout incarné en 2005, quand l’Armée a assuré la sécurité des manifestants, des institutions publiques et privées ainsi que la liberté d’expression, après l’assassinat du président Rafic Hariri, durant l’année 2006 et jusqu’a nos jours .
- Présenter un plan pour mettre fin à la guerre menée par Israël contre le Liban et qui a était déclenchée le 12/7/2006, comme étant une solution honorable pour toutes les parties. Ce plan comprend la planification et la préparation pour le déploiement de l’Armée Libanaise dans le sud ,et dans les passages terrestres et maritimes .Dès que cette opération qui a été exécutée avec précision et dévouement, fut accomplie, le drapeau Libanais fut levé le 2 octobre par dessus la colline de Labbouneh côtoyant la frontière du sud, et annonçant le retour de la souveraineté au Sud ."

.... OPERATION SURPRISE DE L'AUBE ... J adore, c trop romantique, ahhhhh.

shlon a dit…

c'est plus brillant que la fabuleuse carrière d'Émile Lahoud ;)

(...) a dit…

Coshlonne…Tu penses qu’il réfléchis par lui même !?
Pff
C’est mignon !

« Remarque, on a échappé belle à deux bien pires serpillères tout aussi issues de la même institution... ouf :) »
Le premier c’est AouAounn…Qui est le deuxième ???

Anonyme a dit…

C' est vrai ca ma Coshlonne, et c'est qui le deuxieme ? hein ?????
c'est peut etre toi ....

shlon a dit…

allons donc trwaptipwins, le deuxième n'est autre que le général-mutin, celui qui lanca dans la plus entière indifférence populaire (encore heureux) cette idée débilifiante de "confédération sectaire" si chère aux zouettes de jadis (et d'aujourd'hui aussi, s'ils n'avaient là quelques devoir conjugaux à accomplir).

tu en doutais? ;)

Anonyme a dit…

General de Gaulle ?